1.31.2009

back to Dak'









5 days in Dakar. I met Pascal, freshly arrived from Paris France
and Pierre Djiba there. It was really nice to see them again; we had a good time.

I first met Pierre Clement Djiba in Paris. He arrived there from Dakar about 10 years ago to visit his very ill mother dying from cancer. Like many other Africans, Pierre has his family spread out between Africa and Europe. His mother become French by a second marriage had given him French brothers that express themselves in a language that himself masters since childhood. All this frontiers and boundaries are just limits, not a problem as long as we can go through it. But for African people they have become obsessing prison gates and walls.

Pierre was born and raised in Dakar where he had a very good education. After a while in the “Faculté des Sciences Juridiques et Politiques” of the university Cheikh Anta Diop, he finally opted for studies on electronics. He never stopped working since the obtention of his diplomas. Good job, good money, no problem, until he got to Paris. Almost ten years as a clandestine, fighting for the right to come and go wherever he likes. Life is expensive in Europe, 10 years is a long time. I remember him standing up all day long, counting hours, in one of these very chic Parisian shops, as a security guard, when sometimes I brought him up there my laptop to fix. He was sure fed up with all this mess up for nothing. In conclusion he returned to Dakar without the magical passkey in November 07, but with some projects, some money, and some anger. His patient wife was happy to recover him of course and they have now a new little daughter. He now owns his flat and a P.A. system, and has recovered a good situation, even if he would rather work on his own.

We talked good, straight to the point, and we agreed on the essential. A part of the Pierre’s P. A. system should transfer from Dakar to Ziguinchor by the middle of next month and Joel Bassene will accompany it, come and join the red little house.

The instruments and the studio should transfer from Paris to Zig by a container ship, by the beginning of February, to arrive lastly to Zig by the end of next month, if everything is all right.

Let’s keep our fingers crossed! Pascal has flown back to Paris, and I have just sailed back to Zig. We are close, we’ll soon see close to what.


Pierre Djiba

retour à la case Dakar








5 jours à Dakar. J’ai retrouvé Pascal, fraîchement débarqué de Paris et Pierre Djiba. C’était vraiment bon de se revoir ; nous avons passé du bon temps ensemble.

J’ai connu Pierre Clément Djiba à Paris. Il est arrivé là-bas, il y a à peu près 10 ans pour voir sa mère qui se mourrait d’un cancer. Comme beaucoup d’africains, Pierre voit sa famille disséminée entre l’Afrique et l’Europe. Sa mère devenue française après un second mariage lui a donné des frères français qui s’expriment dans une langue que lui-même maîtrise depuis l’enfance. Toutes ces bornes et ces frontières ne sont que des limites, pas de problèmes quand on peut les traverser facilement ; mais pour les Africains, elles sont devenues les portes et les murs obsédants, d’une véritable prison.

Pierre est né et a grandi à Dakar où il a eu reçu une très bonne éducation. Après quelques temps passés à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques à l’université Cheikh Anta Diop, il opte finalement pour des études en électronique. Il n’a pas cessé de travailler depuis l’obtention de ses diplômes. Bon job, bon salaire, R.A.S., jusqu’à son arrivée à Paris. Clandestin pendant presque 10 ans, passés à se battre pour obtenir le droit d’aller et venir comme bon lui semble. La vie est chère en Europe, 10 ans, c’est long ! Je le revois encore, restant debout pendant toute une journée à compter les heures dans un de ces très chics magasins parisiens, comme agent de sécurité, quand je lui apportais mon ordinateur portable en panne.

Il en avait marre bien sûr, tout ce gâchis pour rien. Somme toute, retour à la case Dakar, sans le passe-partout magique, mais avec des projets, un peu d’argent et de colère rentrée. Sa très patiente femme, fût évidemment ravie de le retrouver, et ils sont maintenant les heureux parents d’une toute nouvelle petite fille. Il est maintenant propriétaire de son appartement, d’une sono et a retrouvé une bonne situation, même s’il préfèrerait de loin être son propre patron.

Nous avons bien parlé, droit au but, et nous nous sommes entendus sur l’essentiel. Une partie de la sono de Pierre devrait être transportée de Dakar à Ziguinchor aux environs de la mis février, et Joël Bassène va l’escorter et me rejoindre dans la petite maison rouge. Les instruments et le studio doivent transiter de Paris, par bateau au début du mois de février, pour arriver à Zig, vers la fin du mois si tout va bien. Gardons les doigts croisés !

Pascal s’est envolé de retour à Paris, et j’ai navigué de retour à Zig. Nous sommes proches, nous verrons bientôt de quoi.


Pierre Djiba

1.23.2009

Pascal arrive















Pascal Gomis arrive à Dakar ; je dois le retrouver là-bas. Oh ! pardon ! je ne vous l’ai pas présenté. Nous avons le même nom, mais nous n’avons pas de lien de sang, nous sommes tous les deux d’origine manjak. Les manjako viennent de Guinée-Bissau, non loin de Ziguinchor qui était encore guinéenne jusqu’à la fin du 19e siècle, avant de devenir française, et maintenant sénégalaise. Cacheu, la petite ville de mes ancêtres paternels est à seulement 35 Km de Zig à vol d’oiseau. 
Je connais Pascal depuis… Je ne peux pas dire quand, pas mal de temps en tout cas. Nos parents ont été très proches à une période. Quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois, mes cheveux étaient noirs en majorité et lui était un danseur svelte et athlétique, un des pionniers du mouvement hip hop naissant, il franchissait de nouvelles frontières sur des pistes de danse goudronnées. Il était bon ; il a dansé avec Tribal Jam, un groupe connu à l’époque, produit par une major. Il a grandi dans les ghettos de la banlieue est parisienne, avec pour seule perspective d’élévation sociale, l’expression urbaine alternative. Alors au début des années 80, avec des copains, ils fondent VNR les Voix de la Nouvelle Rue pour la promotion de l’art de la rue, qui est devenue aujourd’hui la première association pour la danse hip hop en France. Il arrêta la danse pour s’occuper de la gestion, il devint massif et désabusé. 
Mais Pascal est un rebelle ; il ne peut pas supporter de voir ses idéaux récupérés et détournés par le système. Alors un jour, il laissa tout tomber et prit un job de chauffeur en attendant le bon moment pour partir faire du business en Afrique. 

C’est là que nous avons commencé à parler du projet de l’orchestre de la paix. Il l’a littéralement adopté, et lui a insufflé de la crédibilité avec sa vision pragmatique. C’est lui qui a la charge de faire venir le matériel de Paris à Ziguinchor. Il partage la plupart de son temps entre Paris et Dakar entre autres, à la recherche de bons plans. Il a appelé le week-end dernier, il part ce vendredi pour passer 7 jours à Dakar. J’ai acheté mon billet de bateau, je l’y rejoindrai lundi Inch Allah, je lui donnerai les documents douaniers et nous discuterons avec Pierre Djiba des modalités de l’arrivée du matos. Enfin !

Probablement l’étape la plus importante parce que c’est concret et vérifiable pour la population de Zig, mai aussi et surtout, parce qu’à partir de cet instant nous pourrons commencer notre travail de création.














Pascal Gomis

Pascal is coming












Pascal Gomis is coming to Dakar; I have to meet him up there. Oh! Sorry! I didn’t introduce him to you. We have the same name, not because we’re blood related, but because we are both from a Manjak origine. The Manjako ethnic group comes from Guinea Bissau, not very far from Ziguinchor, which was Guinean until the end of the 19th century, before becoming French and now Senegalese. Cacheu, the small town of my ancestors is only at 35 km as the crow flies from here.
I know Pascal since… I can’t tell for how long, means a long time. Our parents have been close friends for a while. When we first met, my hair were black and he was a svelte and athletic dancer, a pioneer of the hip hop movement, he was breaking dance new ground. He was quite good; he’s danced with “Tribal jam”, a quite well known band at that time in France. He’s grown in the ghettoes of the eastern Paris suburb, with no perspective of social improvement except alternative street expression. Then in the 80’s, with some pals he founded VNR the voices of the new street, an association to promote street art, which has become now, the first hip hop organization for dance in France. He quitted dance to handle management, he got massive, and disabused. But Pascal is a rebel; he can’t stand to see his ideals deviated by the system. So one morning he gave up, and took a driver job, waiting for the right moment to leave and make business in Africa.
This is when we talked about the peace orchestra project for the first time. He literally embraces it, and did boost it with his pragmatic view. He is the one who is in charge of bringing the equipment from Paris France down here in Zig. He shares most of his time between Paris and Dakar, looking for good deals. He called this weekend; he’s leaving this Friday for 7 days in Dakar. I bought my boat ticket, I’ll meet him on Monday Inch Allah (as we say here), I’ll give him the custom documents, we will discuss with Pierre Djiba the conditions of the equipment arrival. At last!

Probably the most important step because it’s becoming concrete and viewable for the people of Zig, also and above all, because since this moment we can start our work of creation.



Pascal Gomis

1.20.2009

I've lost earth


Ziguinchor, nature within the town, the town within nature, I feel comfortable here. As comfortable as can be a peaceful warrior without money, waiting for tools to be able to work. I walk a lot, as I always do and did, in Paris, Dakar and everywhere I stay. Since my early childhood, when my grandparents had the good taste to leave me alone in the fields of the magnificent Poitou countryside, in the west of France, I realized that music came magically during long walks. Much later, I was amazed to be advised in one preface of a treatise on composition, to walk regularly. Anyway, it’s a very good means to orient oneself in a new place. You can see much more details of course, and much more different angles at that speed, but you can be seen as well in detail, and my uncut hair is not really unnoticeable.
It was all right in Dakar, a big city, polluted and overcrowded, with so many crazy and eccentric people, I wasn’t alone. It was quite the same thing in all cities I have visited so far, except that I was looked and categorized as white, still a stranger there. “When you’re half breed you lose the earth and you win the universe.” said Rohany my old friend half German, half Malaysian. I’m tracking down universal since then.

OK in Dakar, but here in Zig, It’s like I’ve just jump out of a flying saucer (I’ve lost the earth). When I was just arrived, I went 10 days in one remote cousin’s place I didn’t know. African family has no end. Almost everybody in the neighborhood even people I never met, called me by my name after a few days, I was eager to leave for my retired red house. You may think I just have to cut down my hair to find peace. I did actually in 2002 when I came back from my first trip to Africa. But it didn’t change many things at last, so I decided to keep it wild as a flag of my accepted freedom. Freedom has a price as everything, and I have new bills everyday.
I didn’t come here to hide, but show time hasn’t come yet, and I really appreciate loneliness after 8 months of close cohabitation in my father’s house in Dakar. So I walk in nature in daylight and in the streets of Zig in the evening.

I moved at last in the red little house, without any furniture, just a mattress upon a braid, quite Zen, a home for a warrior. I’m waiting for my luggage, and I have to save some money to follow my dream.
I have a good relationship with my direct neighbors, a mature woman of about sixty, and her daughter with whom I feel particularly at ease. She’s not very pretty, but seems smart, good smile. We only exchange a few words in Wolof, the Senegalese more spoken language. My Wolof is terribly poor, I begin to understand more or less the trivial conversations, but above all, I make the effort to talk because I know it is appreciated.

Hello, goodbye, see you tonight, I’m certainly perceived as a curiosity in my new neighborhood but people are very respectful and leave me alone, which give me another reason to like this place.





1.19.2009

je perds la Terre







Ziguinchor, la nature dans la ville, la ville dans la nature, je me sens bien ici.
Aussi bien que peut l’être un guerrier de la paix sans argent, dans l’attente d’outils pour commencer son travail. Je marche beaucoup, comme d’hab., comme je l’ai toujours fait, à Paris, Dakar, et partout où je reste un peu. Très tôt depuis l’enfance, quand mes grands parents me laissaient seul des après-midi entières, à parcourir la luxuriante campagne poitevine, j’ai réalisé que la musique venait comme par magie pendant les longues marches. Quelle stupéfaction de trouver, beaucoup plus tard, dans la préface d’un traité de composition, le conseil de marcher régulièrement. En tout cas, c’est une très bonne façon de découvrir et de s’orienter dans un nouvel endroit. On peut voir beaucoup plus de détails à cette vitesse bien sûr, sous des angles différents, mais on peut aussi être vu en détail, et ma chevelure folle ne passe pas vraiment inaperçue.
Ça allait encore à Dakar, une grande ville, polluée et surpeuplée, avec tellement de fous et d’excentriques, j’étais en bonne compagnie. C’était à peu près similaire à ce que j’avais connu dans toutes les grandes villes que j’ai visitées, excepté qu’ici je me suis retrouvé dans la catégorie des blancs, toujours un étranger. « Quand tu nais métis tu perds la Terre et tu gagnes l’univers » m’a dit un jour ma vielle amie Rohany, moitié Allemande, moitié Malaise et très à l’aise. Je traque l’universel depuis.

Dakar Ok ! mais ici à Zig, c’est comme si je venais de sauter d’une soucoupe volante (j’ai perdu la Terre). Quand j’ai débarqué, je suis allé 10 jours chez un cousin éloigné que je ne connaissais pas. La famille Africaine n’a pas de fin. Presque tout le monde dans le quartier, et même des gens que je n’avais jamais vus auparavant m’appelaient par mon nom après quelques jours, j’avais hâte de partir dans ma petite maison rouge un peu retirée. Vous pouvez penser que je n’ai qu’à me couper les cheveux pour trouver la paix. Je l’ai fait pourtant, en 2002 après mon premier voyage en Afrique, mais ça n’avait pas changé grand chose. Alors j’ai décidé de les laisser à leur état sauvage, comme symbole de ma liberté acceptée. La liberté a un prix comme chaque chose, et j’ai tous les jours de nouvelles factures.
Je ne suis pas venu ici pour me cacher, mais l’heure du show n’est pas encore venue, et après 8 mois de cohabitation mouvementée dans la maison de mon père à Dakar, j’apprécie vraiment la solitude. Alors je marche dans la nature le jour et dans les rues de Zig le soir.

J’ai fini par emménager dans la petite maison rouge, sans aucun meuble, juste un matelas sur une natte, plutôt zen, le terrier du guerrier. J’attends mes bagages, et je dois économiser l’argent pour aller jusqu’au bout du rêve.
J’ai une bonne relation avec mes voisines directes, une femme mûre d’environ la soixantaine, et sa fille avec qui je me sens particulièrement à l’aise. Elle n’est pas très jolie, mais à l’air intelligent, bon sourire. Nous n’échangeons que quelques mots en wolof, la langue la plus parlée au Sénégal. Mon wolof est terriblement pauvre, je commence à comprendre les conversations les plus banales, mais je fais surtout l’effort de parler car je sais que c’est apprécié.
Salut, au revoir, à ce soir, Je suis certainement perçu comme une curiosité dans mon nouveau quartier, mais les gens sont très respectueux et me laisse tranquille, ce qui me donne une raison supplémentaire d’aimer cet endroit.


1.15.2009

Une petite maison rouge
















Pendant à peu près trois ans, nous avons travaillé à un projet qui a pour nom "l'Orchestre de la Paix". Il s'agissait de fonder un groupe de musique et un studio d'enregistrement pour encourager la paix en Casamance. C'est le nom d'une petite région du Sénégal en Afrique, qui était encore en guerre il y a quatre ans, et ce pendant plus de vingt ans. 
J'étais à Paris en train de chercher des financements et de monter une équipe, quand un coup de fil providentiel me donna l'opportunité de composer la B.O. d'un film à bon budget 
(Française de Souad el Bouhati. merci !). Ce boulot m'a donné l'argent pour acheter des instruments, partir et démarrer le projet. 
Mais la vie n'est pas si facile, Jean-Denis Escudié, un de nos compagnons de route, fût trouvé mort dans sa chambre quelques semaines avant de partir...

J'ai passé 8 mois à Dakar la capitale, à essayer de commencer le projet en essayant de me débarrasser au plus vite des problèmes administratifs. Maintenant, je suis arrivé à Ziguinchor (capitale régionale), je loue une petite maison qui borde les rizières à l'est de la ville près du fleuve, à l'ombre d'un énorme fromager, refuge de nombreuses cigognes.
J'attends maintenant mes bagages et mes camarades, seul avec mes rêves, dans une petite maison rouge



















A red little house

For 3 years, we worked on a project that was called "The Peace Orchestra Project". It was about to found a musical group and a recording studio to encourage peace in Casamance. It’s the name of a small region of Senegal Africa that has been in war for twenty years. 
I was in Paris trying to find some money for this, when a providential phone call gave me the opportunity to make the soundtrack of a good production movie. This job gave me the money to by instruments, leave and start this stuff. But life isn’t so easy, Jean Denis Escudié, one of our crew was found dead in his room just before leaving… 

I spent 8 months in Dakar the capital city, trying to begin and get rid of administrative problems. Now, since a few weeks, I finally arrived in Ziguinchor (the regional capital town), I rent a little house by the rice fields under an enormous kapok tree that hosts many storks (No children traffic around I checked). Now I’m waiting for my luggage and mates, alone with my dreams, in the red little house.

L'arrivée à Ziguinchor





On the ship named Aline Sitoé Diatta sailing from Dakar to Ziguinchor. Adventure begins...
Dans le bateau " Aline Sitoé Diatta" qui navigue vers Ziguinchor en provenance de Dakar, l'aventure commence...