6.18.2009

épique et kilogrammes

Mon dernier séjour à Dakar au début du mois a commencé plutôt calmement dans un secteur très protégé, entouré par de riches ambassades. J’ai séjourné une semaine dans cet endroit irréel, dans l’appartement d’une amie près de la mer. Dans le quartier, les voitures énormes semblent être la norme. C’est comme si j’étais dans un sas de pressurisation, une bulle flottant au-dessus de la ville, un few man’s land entre Ziguinchor l’humaine et l’énorme monstre hybride qui pousse comme une termitière malade qui dévore ses habitants. La bulle plana un peu plus loin et m'emporta, une douce après-midi sur l’île de Gorée, où j’ai pu me délecter des vibrations énergétiques, des rêves peints par des artistes jeunes et moins jeunes. Et la bulle éclata délicatement comme le font toutes les bulles, elle me déposa à « Grand Dakar » un des très nombreux quartier populaires de la folle termitière, un week-end de fête pour les familles chrétiennes qui célèbrent les premières communions et les communions solennelles de leurs enfants. La transition a été plutôt cool ; c’était bon d’embrasser quelques membres de la famille, de manger ensemble, boire ensemble, danser…

La fête est finie ; le container est arrivé au port de Dakar. Le matériel est dedans mais pas moyen de le voir, il faut auparavant passer par plusieurs épreuves administratives que de nombreuses personnes plus averties ont échouées.

La famille Manjak de Pascal s’est organisée au fil du temps, ils ont acheté un camion en France et ils regroupent des bagages d’émigrants Manjak qu’ils convoient vers Dakar, Ziguinchor et beaucoup d’autres endroits en Guinée-Bissau.

The-new-truck-in-France.jpg Ils sont habitués au labyrinthe de l’administration sénégalaise, mais sortir ce genre de marchandises est délicat. Après 2 ou 3 jours de paperasse, c’est le moment du contrôle douanier, tension… Pascal est sur scène, je l’ai régulièrement au téléphone. Un jeune et nouveau responsable des douanes plein de zèle vide le container et le vérifie entièrement dans le détail. Après une journée entière de ce jeux éprouvant il libère le container, 24 heures pour le sortir de Dakar, Pascal et ses compères prennent un camion pour stocker les bagages dans un magasin de la banlieue dakaroise pendant 24 heures. Je les rejoins pour une demi-journée de déchargement. Étape 2 atteinte, Pascal et Philippe ont dormi devant la porte du magasin, à la belle étoile pour éviter les vols. Nous sommes le dimanche 14, j’ai préparé mon sac et je suis près pour les rejoindre et les aider à charger le camion qui doit partir pour Zig, il est 20 heures quand j’arrive sur place. Pas de camion ?!? Il était beaucoup trop petit, nous devons en trouver un autre plus grand. Nous sommes assis devant les portes du magasin ; le temps passe, le voisinage habituellement si agité et grouillant est maintenant calme et enveloppé dans la douceur de la nuit, quelques derniers passants nous dévisagent. Il est minuit ! le nouveau camion vient d’arriver, il est beaucoup plus grand, mais nous avons beaucoup de bagages à transférer.

Nous avons entamé le chargement. Des trucs très, très lourds, nous sommes 4 et nous commençons par le plus lourd, plusieurs barriques de 200 Kilo à monter sans transpalette sans aucune machine, c’est dur, on serre les dents. Alors que la nuit progresse le camion nous semble de plus en plus petit. Nous sommes lundi 15 il est 8 heures, il fait plein jour, le trafic incessant et trop pollué a repris et les gens partant au travail nous fixent médusés. Il est 9 heures, nous nous rendons à l’évidence le camion est trop petit. Quelque coup de fils, et nous nous retrouvons assis devant les portes du magasin attendant un camion encore plus grand. Midi, le 3éme camion est là, plus grand certes mais pas beaucoup plus. Nous sommes fauchés, pas le choix, Pascal décide de payer 4 jeunes professionnels plus du double du prix normal. Nous comptons sur leur habileté et sur leur motivation pour charger le camion le plus rapidement et le mieux possible. Philippe s’est salement coupé le doigt, il est parti se soigner, Joël Bassène est venu nous proposer son aide. La fatigue nous aide à supporter la pression et le stress. 18 heures, le camion est plein et tout a été chargé, tout le monde est content et soulagé. Nous nous serrons les mains et nous croisons les doigts immédiatement, le camion est vieux, la route est très longue et très mauvaise et les rebelles ont recommencé à attaquer des gens, la radio a rapporté une attaque qui a tué 4 personnes la semaine précédente. Asper part dans le camion avec les jeunes. Pascal, le vieux Amison et moi sommes dans un taxi en route pour la maison familiale de Pascal pour prendre une douche rapide avant de prendre une voiture pour Zig 450 Km vers le sud. Il est 20 heures.

À suivre…


pascal-&-philippe.jpg


Pascal & Philippe










Philippe









Pascal fatigué









fatigué









les gosses









les gosses contents









Amison l'homme fort à gauche, Borom woto à droite








le troisième camion










le camion









chargement du camion

3 commentaires:

  1. La vache malgréles embrouilles, vous vous en sortez bien. Franchement bravo tonton pr le courage et la tenacité (ça bizarre les tifs blanches totale lolll). Je te souhaite bonne chance et bon courage pr la suite. A plus Jérome

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  2. Bravo d'y avoir cru ce fut votre force ...
    Maintenant bonne chance Gaby

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  3. oh la la quel luxe de voiture- camionaise, quel professionalisme de chargement, - c'est facile de s'éclater après!!
    Les bonhommes: quel courage! vive la vie! la beauté des aventures, la perséverance!
    bonne chance pour la suite!! nikola

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