1.06.2010

c'est une bonne nouvelle !

phone8.jpg

Je viens juste d’arriver à Ziguinchor. Je passe la porte de la maison rouge, et Joël puis Bolo me tombent dans les bras. « Et Chloé ? Et les enfants ? » me demandent-ils très rapidement, je lui dis que je viens de faire l’expérience de 15 jours de vie condensée comme dans un film, ou un roman, chaque page pleines de sensations fortes, la vie plus grande, King size. ....

À l’aéroport de Casablanca, j’ai eu un peu de temps pour penser à l’enjeu de ce voyage. Mon amour multidimensionnel pour Chloé était sur le point de retrouver sa forme si divinement physique, et allait devoir embrasser mes 2 fils que je n’avais pas vus depuis près d’un an et demi, avec en prime la fille de Chloé que je n’avais pas encore rencontrée, si l’on excepte les quelques mots que nous avons échangés au travers du miroir magique électronique, rêvé jadis par Cocteau. C’était Noël même à Casablanca, j’étais là comme dans un sas de dépressurisation entre 2 mondes distants, la température avait chuté de 10°, J’ai eu quelques instants pour m’acclimater aux nouvelles conditions, avant de rencontrer la grande famille, la mienne et celle de Chloé, c’était Noël !....

Me Voilà fraîchement débarqué à l’aéroport de Paris Orly, hors du petit labyrinthe de verre, je pouvais la voir enfin, elle était là se dressant à la toute fin d’un long chemin de corde, bordé par une haie d’honneur fantomatique et floue. Ce ne fût qu’une vision fugitive ; je ne pouvais pas la soutenir trop longtemps, je baissais la tête pendant que je changeais de main pour porter mon sac lourd. J’arrivai enfin au bout du chemin. Je levai les yeux et vu les siens, ma bouche rencontra la sienne, et mes yeux fermés par une irrésistible vague de bonheur, étaient à la fois délivrés et apprivoisés. Nos mains étaient toujours jointes quand nous entrâmes dans le taxi. Nous traversâmes Paris du Sud au Nord, il neigeait, c’était Noël.

Nous arrivâmes chez elle, une ruelle secrète qui a servi de planque à Jacques Mesrine, le fameux ennemi publique N°1 des années 70, et je me suis senti aussitôt à l’aise, dans cette très confortable maison où chaque chose est choisie sans aucune prétention ; il n’y avait rien de conventionnel, rien de bourgeois, j’avais l’impression d’être à la campagne, très loin de Barbès.

chloe-snow2.jpg

la ruelle secrète


Nous nous sommes retrouvés beaucoup plus loin que notre chapelle du Sobo-Badé qui nous avait béni, mais comme si nous nous étions quittés la veille, et bientôt nous perdions notre sens du temps, dans une tranche d’éternité ; notre vitesse, nos moments ! si doux qu’ils ont dû avoir été volés.....

Le matin suivant, le trac s’amusait à taquiner mon cœur en le pinçant ; nous étions en route, pour prendre la fille de Chloé qui avait passé la nuit chez un de ses amis de la ruelle secrète. Je montais l’escalier en pensant que pour cette petite fille, ce premier Noël sans son père ne serait pas facile, je savais que tout en haut de cet escalier, au milieu de la profusion chaotique des sentiments contradictoires, qu’aucune séduction mais la vérité fut l’unique voie pour l’atteindre, et qu’il faudrait du temps pour se relier à elle. Arrivés au sommet, et c’est Art, son pétillant petit ami qui vint le premier à notre rencontre, bientôt suivi par Poppée, « Bonjour les enfants ! ....

- Bon-jour ! » les 2 gamins coururent à l’intérieur, les présentations étaient faîtes.


À l’intérieur, nous avons un peu discuté avec le père d’Art, un homme très gentil à l’air rêveur et au regard jeune. Poppée jouait avec Art en m’épiant, et je bavardais en l’observant. Salut Art et gentil père rêveur, nous étions en route pour prendre les garçons en traversant Paris vers le sud sous terre. Un instant assez long, nous étions tous 2 très timides, Chloé nous souriait, peu de paroles. Au terminus, au bout du tunnel, se tenaient les garçons, mais je ne pouvais les distinguer clairement à cause du contre-jour.....

C’est là que nous parvînmes enfin ! Nous voilà tombant dans les bras les uns des autres dans une étreinte longue et vigoureuse. Ils ont tant changé ! Gaspard sera bientôt un jeune homme, et Alsène et maintenant un garçon à la charpente solide et aux mains larges. Bavardage amical avec Constance, court, nous avions si peu de temps et de nouvelles fondations à construire, chaque minute était vitale. Les enfants se sont connectés presque instantanément, et le long chemin pour le retour vers le nord sembla beaucoup plus court. Nous étions tous heureux d’être là ensemble, beaucoup de sourire, peu de paroles ; nous étions tous enthousiastes et désireux de construire notre nouvelle intimité. Dans la maison cachée de la ruelle secrète, Poppée fut très accueillante, elle nous a introduit dans son monde et les jeux, les petits rires étouffés, les chatouillis, puis les rires à gorges déployés vinrent rapidement.



Tard dans la nuit, Chloé et moi parlions de longues heures, stupéfaits par l’étrange facilité toute naturelle avec laquelle les évènements se déroulaient ; l’amour est si profond ! plonger mon regard dans les yeux de Chloé c’est comme plonger dans un miroir négatif sans fin, un saut de l’ange dans un passage magique sans fond qui mène à un cosmos parallèle plus vibrant. Tellement puissant ! Une vague irrésistible nous submergeait tous.


Ça faisait maintenant 2 ou 3 jours que j’étais dans cette maison, et je commençais à ressentir l’ombre du Grand. Alsène vint se blottir contre moi alors que j’étais allongé seul sur le sofa. « J’ai vu des Victoires de la musique » murmura-t-il, « il y en a plusieurs ! » J’avais vu moi aussi ces trophées, mais je détournais les yeux quand mon regard les croisait, je n’étais pas préparé à ça, je n’étais pas prêt pour ce genre de dialogue. « Tu vois, le père de Poppée était un grand artiste, il nous a quitté il y a peu, les gens l’aimaient beaucoup, son nom est Alain Bashung, nous l’écouterons bientôt ! »....

Quand j’étais arrivé dans cette maison, Chloé avait sorti une des guitares du Grand, une Gibson acoustique noire qu’elle aime beaucoup. Je jouai ; pas longtemps. Un matin, je me suis réveillé aux horreurs, j’étais en train de penser à tout ça, je descendis, vérifiai mes e-mails, puis je jouai sur la petite guitare de Poppée, je n’avais aucune envie de jouer sur une de ses guitares, plutôt ne pas jouer du tout. Bashung est un grand, il trône à côté de Trenet, Gainsbourg, un talent universel et populaire authentique, comme eux il a marqué son époque et est devenu un standard avec ses différentes périodes.....

Je vis une pochette d’un vieux vinyle 33t. de Johnny Kidd, non loin d’une photo de Trenet. “J’sens comme un vide remets moi Johnny Kidd… Tu veux qu’j’te chante la mer le long, le long des golfes pas très clairs” c’était dans la première chanson que j’ai connu du Grand, elle s’intitule « Gaby, oh Gaby », le prénom de ma mère… Des boucles se bouclaient… J’ai aimé Poppée très rapidement et elle m’eut expressément adopté le 3e jour. Une nuit, après une nouvelle tranche d’éternité et d’apesanteur, nous descendîmes dans la cuisine. « Comment savais-tu que ça allait coller à la perfection ? Quand tu as entendu mon nom, comment savais-tu que c’était moi ? C’est dingue ! Qui es-tu Chloé ? Tu es tellement spéciale ! » « Je ne sais pas, quand j’ai entendu ton nom à ce vernissage, je me suis dit ‘cet homme c’est pour moi’ je sus que c’était toi, je devais te voir !» Je lui fis part de ce que je ressentais à propos du Grand, de sa fille et de la responsabilité que cela impliquait… Silence… Un ange passe, et soudain le téléphone de Chloé sonna au milieu de la nuit bien avancée. C’était un texto d’un des plus proches amis de Bashung, Chloé ne le connaît pas très bien, mais il est toujours là dans les moments importants. Il était écrit : Bon Noël ! la plus belle des pensées viendra du ciel. » Nous nous sommes souri et nous fusionnâmes dans un long et profond baiser.

gasp-&-als2.jpg

poppee-praying.jpg


Nous étions sous terre à nouveau, en chemin vers le sud pour le réveillon de Noël. Chloé était un peu anxieuse, nous sommes de la même race, du même tonneau, nous produisons tous les deux un effet d’attraction et de répulsion sur les gens, je sus ce qu’elle ressentait à cet instant et je restais proche. Chaque minute compte, pendant cette soirée, je vis des bébés que je ne connaissais pas, le cœur du clan sans les parents partis loin dans le monde, c’était plein d’agitations enfantines et donc assez joyeux.



Nous partîmes et échangèrent nos impressions, et chaque détail coïncidait, sa vision du monde combinée avec la mienne englobe toute notre réalité. Nous n’avions pas beaucoup dormi cette nuit-là, et le matin suivant, nous étions en meute Gare du Nord, Destination Lille la ville natale de Chloé. Cette fois c’était mon tour de sentir un peu de pression. Dans le train et dans tous nos déplacements, nous sommes une famille.


phone4.jpg


gaspard2.jpg




Lille est une ville élégante et colorée ; à peine arrivée, nous allâmes avec les parents de Chloé chez son grand-père. Pope est un charmant vieil homme avec un indéfectible sourire qui faisait briller la douce étincelle de son regard bleu. Il aime l’art, la peinture, la photo, de nombreux genres de bonne musique, il est l’opposé d’un snob, c’est un passionné, et sa femme est très accueillante. Philippe disaient des blagues d’adultes pour mettre à l’aise les enfants qui riaient très sincèrement, nous avions passé un moment très plaisant.....

Alors nous retournâmes chez Philippe et Dominique, c’est une demeure très particulière, ils sont tous 2 des collectionneurs d’art depuis plus de 30 ans et leur maison, une ancienne usine est comme un musée différent où 3 mondes entretiennent une conversation permanente : l’Inde, l’Afrique, et l’art médiumnique. L’Afrique et l’Inde sont les 2 terres qui m’attirent le plus ; Je reconnus des livres et des disques que j’avais possédés, avant de partir et de les donner à Pierre. Le lendemain, la grande famille allait être là pour le déjeuner de Noël des Mons. Dans la matinée, je trouvai un sitar Indien que je rêvais de toucher depuis tant d’années, et ce fut une révélation ! Je jouai longtemps et me détendis très profondément.

La grande famille de Chloé est douce, tout le monde y est gentil, affable, et très accueillant jusqu’à présent, si loin des quelques petites humiliations que j’avais eu à connaître dans une autre vie. À la fin de la journée, les enfants couraient tous ensemble dans un ballet sensuel en s’aspergeant avec des vaporisateurs d’eau ; ils furent gratifiés de cadeaux et très heureux de leur journée.

Le lendemain, nous étions en route pour la mer avec les parents de Chloé. Cap Gris-Nez ; Cap Blanc-Nez, juste en face de l’Angleterre toute proche. Qui a dit que le Nord est triste ? Qui a écrit : « les gens du nord ont dans les yeux le bleu qui manque à leur décor » Quelle connerie ! Cette terre est gracieuse ! et son éventail de couleur incroyablement large change interminablement.

paysage1.jpg



Je me sentis rapidement à l’aise avec Philippe et Dominique, je pouvais vraiment être moi-même sans être jugé, et c’est tellement précieux, que toute attitude distante ou manière affectée eut été inapropriée. Nous fîmes de belles balades, vîmes de bons films, de bons moments, denses et uniques furent partagés, et le temps fut venu de rentrer à Paris. Poppée, Philippe et Dominique étaient restés et nous partîmes avec les garçons.

Philippe

Dominique

audinghen21.jpg


audinghen12.jpg


Time for goodbye, for strong and long hugs with some teardrops from the boys still children.

We have made a very long way altogether. Last walks in the streets of Paris, we were king and queen of an archaic kingdom, so powerful and vital.

Snap! I’m in Dakar, my father was happy to see me, I told him that for the first time of my life, I feel like a married man, that I’m ready now. “That’s good news papa!” he said, and it immediately reminded me Gaspard who hugged me one of these fresh evenings to say good night, and told me “You’ve got married my son, that’s good news!” Isn’t it weird?

phone6.jpg


phone15.jpg


plus de photos






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire